
Une relation digne de l’amour wouf
En France, près d’un retraité sur deux possède un animal de compagnie, soit plus de la moitié.
Fusionnel avec leur animal, les personnes âgées adorent que l’on vienne à leur rencontre. C’est le cas de Monique, 83 ans, qui était ravie que l’on discute avec elle et complimente son chien Speedy, facteur de liens sociaux.
Un fidèle compagnon :
Une enquête de Santé Magazine, réalisée sur 2 700 personnes de 65 ans et plus, révèle que près de la moitié des sondés possède un chien et/ou un chat. Posséder un animal de compagnie permet de rompre la solitude et de responsabiliser nos aînés. « Il faut changer la litière du chat, nourrir le chien, aller en promenade, jouer avec… Ces actes banals leur permettent de conserver leurs capacités cognitives et relationnelles ». C’est ce que nous raconte Pauline Ayrault animatrice à l’ehpad de la Venise verte. L’animal crée un sentiment de sécurité pour les personnes âgées, qui peuvent être fragiles. Sa présence éloigne le danger et sécurise son environnement ou son habitation. Son instinct fait que son comportement change au moindre risque d’incendie ou même de catastrophe naturelle pouvant leur sauver la vie. C’est le cas de Patrick qui a été sauvé de la noyade par son chien Jack. Une belle histoire racontée par La Dépêche.
Face à des difficultés comportementales, certains propriétaires choisissent de faire appel à un éducateur comportementaliste. C’est la profession d’Olivier Lhote : « En cas de difficulté dans l’éducation de votre chien, il ne faut pas hésiter à solliciter un comportementaliste animalier pour obtenir de l’aide et des conseils adaptés », explique-t-il. Il remarque aussi que : «les personnes âgées rencontrent parfois des difficultés à appliquer les exercices et les conseils reçus». Selon, lui, il s’agirait d’une approche éducative plus stricte. Il leur conseille de venir accompagné d’un membre de la famille car cela permet de veiller à l’application des conseils reçus au domicile.
Adoucir la séparation :
L’âge avançant, la santé s’abîme peu à peu. Il faut réfléchir conjointement au devenir de l’animal et du maître. “Qui va s’en charger ?”, “Puis-je l’emmener avec moi en résidence seniors ou EHPAD ?”, “Comment je paye les frais vétérinaires ?”… Une étude de l’IFOP (Institut Français d’Opinion Publique) publiée en 2024 démontre que 9 seniors sur 10 souhaitent emmener leur animal de compagnie en EHPAD ou en résidence. La France connaît depuis avril une grande évolution avec l’adoption de la loi “bien vieillir”.
L’un des objectifs principaux de cette loi est de lutter contre les abandons d’animaux de compagnie après un certain âge. Pour nos aînés, la séparation forcée avec leur boule de poils ou de plume était difficile à vivre. La présidente de la fondation 30 millions d’amis, Reha Hutin, évoquait même un «véritable déchirement», en précisant qu’ « Aujourd’hui, nos refuges accueillent trop souvent des chiens et chats dont les maîtres ont été contraints de s’en séparer à contrecœur, lors de leur transfert en Ehpad. Une tragédie pour ces animaux privés de leur maître de toujours, mais aussi pour ces personnes âgées qui perdent leur soutien émotionnel, parfois même leur seul lien affectif. Il est indispensable et plus que temps que la loi mette fin à ces situations dramatiques ! » sur 30 millions d’amis.
Désormais, les choses ont évolué. La loi permet un accueil systématique des résidents avec leur animal de compagnie, les conditions sont d’ assurer les besoins de ces animaux et respecter les conditions d’hygiène et de sécurité. Cette avancée a été saluée par Fadila Khattabi, ancienne ministre déléguée en charge des personnes âgées en 2024 : « C’est le travail commun pour améliorer le quotidien des personnes âgées en EHPAD et pour mieux prendre en compte le bien-être de nos amis à plumes et à poils ».
L’accompagnement jusqu’à la mort :

Jean-Luc et sa chienne “Princesse” Crédit : Chloé Robin, Salma Gabardi
«Princesse c’est ma fille, je l’aime et je l’élève comme si j’étais son père», nous raconte Jean-Luc, en baladant son bébé de 5 ans «Princesse». Cette petite chienne tachetée noire et blanche est débordante d’énergie. Il n’imagine pas la perdre et nous confie :«Quand je partirai, elle partira aussi. Je ne sais pas comment elle pourrait vivre sans moi».
Un sacré chamboulement :
Le décès d’un animal est une épreuve. Au-delà de la perte d’un repère, la personne âgée voit son quotidien bouleversé. La perte de son compagnon peut faire resurgir des inquiétudes quant à leur propre mort. C’est la raison pour laquelle il est crucial d’être attentif pendant la période de deuil.
Depuis 1992 en France, il est possible de réaliser une crémation de son animal de compagnie. C’est ce service que propose depuis plus de 25 ans la compagnie de pompes funèbres pour animaux « Esthima ». Elle affirme : « On possède 17 centres de crémation en France. Chaque jour, on reçoit des centaines d’appels. Ce qui représente des milliers d’animaux ». Le corps de l’animal est déposé dans l’un des centres par un vétérinaire ou le propriétaire en personne. L’entreprise propose une crémation avec ou sans cérémonie.
Il existe des compagnies qui offrent un service d’incinération aux personnes les plus touchées par la perte d’un être cher avec qui elles ont partagé une partie de leur vie. Des cimetières animaliers ont vu le jour. La France en comptabilise une trentaine. Cette pratique se démocratise, proposant un lieu de recueillement aux propriétaires. Offrir une crémation ou une incinération consiste à brûler le corps de l’animal et récupérer les cendres là où un enterrement consiste à mettre en terre l’animal sans forcément avoir recours à une place dans leur cimetière. Les processus coûtent en moyenne de 100 à 350 €.
Tout est fait pour que l’animal repose en paix au même titre qu’un humain et permettre aux propriétaires de leur rendre hommage au travers de musiques, de photographies ou de témoignages durant la cérémonie. La mort reste un départ physique : l’animal restera présent à vie dans le cœur et les souvenirs de son maître.

Salma & Chloé
Nous sommes Chloé et Salma, deux étudiantes, passionnées par les animaux de compagnie. Ce thème nous a attiré car nos aînés s’isolent et les animaux apparaissent comme un facteur de sociabilité qu’on a voulu valoriser.